Nous sommes économistes, spécialisé pour le premier en théorie de la décision en incertitude, avec applications à la finance, la macroéconomie, le climat, l’assurance, la prévention des risques et l’évaluation des politiques publiques, pour le deuxième en économie du développement, avec applications aux infrastructures, aux achats publics, et aux institutions. Bien sûr, il n’existe pas à ce jour d’économiste complètement légitime sur le coronavirus, et nous n’avons aucune revendication dans ce sens. En pleine crise sanitaire, il reste encore beaucoup d’inconnues au plan humain, médical, économique et financier. Et pourtant, des décisions doivent être prises très rapidement. Beaucoup le sont déjà. Les scientifiques disposent de connaissances utiles mais partielles et incomplètes. Ils ont la responsabilité d’en faire part aux opinions et décideurs publics, tout en reconnaissant leurs doutes et les incertitudes qui entourent ces connaissances. Cela met les scientifiques impliqués autant que les décideurs publics dans une situation très inconfortable, avec la quasi-certitude de se faire critiquer a posteriori par des citoyens souvent sujets au biais de rétrospection (« hindsight bias »), qui consiste à juger de l’optimalité d’une décision passée à l’aulne d’informations non disponibles au moment de cette prise de décision. Aujourd’hui déjà s’élèvent des voix dans ce sens. Ce sera pire demain. Anticipons une nouvelle détérioration de la confiance des peuples envers leurs élus.
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Image de l'actualité par Gerd Altmann de Pixabay