Quinze jours après le début du confinement général en France le secteur du transport aérien est à l’arrêt et désormais dans l’incertitude totale de ce que sera l’après pandémie. Après avoir assuré le rapatriement des derniers Français bloqués à l’étranger, la compagnie Air-France-KLM a annoncé l’arrêt de 90 % de ses vols pendant deux mois et la mise au chômage partiel de 80 % de ses salariés. Easyjet, deuxième transporteur aérien en France, lui a emboité le pas et cloué tous ses avions au sol depuis le 24 mars.
Des mesures exceptionnelles
Le gouvernement a pris rapidement des mesures financières exceptionnelles pour sauver les entreprises françaises du désastre : 45 milliards d’euros pour le report de toutes les charges sauf la TVA pendant trois mois, le report des loyers, des factures et le financement du chômage partiel. 300 milliards d’euros ont aussi été mis sur la table, garantissant 90 % des sommes empruntées par les entreprises auprès de leurs banques. Par ailleurs, la Banque centrale européenne (BCE) a finalement lancé un plan gigantesque de 750 milliards d’euros pour préserver les économies de la zone.
Tout cela suffira-t-il ? Il est trop tôt pour le dire, mais la situation est tellement grave que l’on ne pouvait pas faire autrement qu’utiliser la dette publique pour amortir le choc et tous les économistes sont unanimes sur cette question depuis quinze jours.
L’idée est de littéralement geler l’économie pour permettre aux entreprises de rebondir après la crise sanitaire. En effet il faut bien comprendre que l’ampleur de cette crise n’a rien à voir avec celle de 2008 qui était déjà bien plus grave que celle de 1929. Cette fois-ci les réactions de politique économique ont été rapides ; néanmoins il est très difficile de prévoir aujourd’hui l’avenir.
Transport aérien : un chiffre d’affaires qui plonge
Pour ce qui concerne précisément le transport aérien, l’Association du transport aérien international (IATA), estime que les revenus de l’industrie mondiale du transport aérien pourraient plonger de 252 milliards de dollars, soit une baisse de chiffre d’affaires de 44 %, quasiment de moitié, par rapport à 2019.
L’État, dans sa volonté de « sauver tout le monde », a sorti l’artillerie lourde et évoqué la possibilité de nationaliser certaines entreprises. Un scénario qui pourrait concerner Air-France-KLM, car si la crise s’arrête en quelques mois, ce qui reste notre principale hypothèse de travail à TSE, les voyages d’affaires reprendront mais le tourisme de loisir mettra plus de temps à repartir. Il est impossible de dire aujourd’hui combien de temps la compagnie française pourra tenir.
Les Etats-Unis se dotent aussi d'outils d’intervention. Dans leur colossal plan de soutien à l'économie de 2000 milliards de dollars, 50 milliards visent en particulier à sauver les compagnies aériennes américaines. Cette somme va permettre à l’Etat fédéral de prendre des participations dans leur capital. Le contraste est frappant avec Singapore Airlines (groupe SIA) qui, de son côté, a obtenu des engagements de financement de ses actionnaires de 12 milliards d'euros.
Moins d'argent pour les vacances
Au sein des compagnies étrangères qui emploient des salariés sous contrat de droit français (comme Easyjet), les mesures de chômage partiel devraient s’appliquer, mais globalement pour les low-costs et les charters, l’incertitude est particulièrement grande. En effet, la reprise sera certainement encore plus longue à venir pour ces compagnies spécialisées dans le tourisme de loisir car nous tablons, à TSE, sur une perte moyenne de revenus de 20 % pour les Français en 2020.
Les premières lueurs d’espoir arrivent de Chine avec des baisses de contaminations et si l’économie chinoise repart, c’est une bonne nouvelle. Néanmoins nous devons rester prudents car nous ne saurons pas avant mi-avril si la fin progressive du confinement dans la région de Wuhan provoque ou non, le rebond du virus.
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