12 novembre, soutenance de thèse de Kunal KHAIRNAR

12 Novembre 2021 Recherche

  Kunal Khairnar soutiendra sa thèse de doctorat en Sciences économiques le vendredi 12 Novembre 2021 à 14h00
Visioconférence Zoom (TSE)
Pour assister à la conférence, merci de contacter Elvire JALRAN.

Directeur de thèse : Franck PORTIER
Les membres du jury :

  • David Aikman, Professeur, King’s College, London
  • Martial Dupaigne, Professeur, Université Montpellier
  • Patrick Fève, Professeur, Université Toulouse 1 Capitole - TSE
  • Fabrice Collard, Directeur de recherche CNRS, Université Toulouse 1 Capitole - TSE
  • Franck Portier, Professeur, University College London


Résumé :

Le premier chapitre de ma thèse de doctorat est intitulé “Frictions financières et transfert de politique monétaire asymétrique en Inde”. Dans ce travail de recherche, j’utilise des données de panel sur les banques indiennes pour calculer la réponse des taux de dépôt aux surprises de la politique monétaire et constate que le passage des taux d’intérêt est incomplet, très asymétrique et soumis à des conditions de liquidité, à la fois au niveau individuel et agrégé (système) niveau. La réponse des taux d’intérêt est plus élevée pour une augmentation (par rapport à une diminution) du taux directeur, ce qui implique une rigidité à la baisse des taux d’intérêt. Je documente un nouveau mécanisme par lequel les conditions de liquidité influencent la transmission de la politique monétaire aux banques. Le déficit de liquidité agrégé aggrave l’asymétrie dans la transmission des taux d’intérêt. D’autre part, la proportion d’actifs liquides détenus par les banques atténue l’asymétrie. Des investissements plus liquides permettent aux banques de réduire plus efficacement les taux de dépôt en réponse à une baisse des taux directeurs. J’explique les résultats empiriques à l’aide d’un modèle dans lequel les banques sont confrontées à une contrainte de garantie parfois contraignante, à des frais de pénalité et à un écart acheteur-vendeur lorsqu’elles empruntent des fonds à la banque centrale. Le modèle met en évidence le rôle des frictions financières, des facteurs institutionnels, de la réglementation prudentielle et des conditions de liquidité globale dans la transmission de la politique monétaire.

Le deuxième chapitre est intitulé “Interactions de politique macroprudentielle dans un modèle DSGE sectoriel avec des taux d’intérêt échelonnés”. Dans ce travail avec des économistes de la Banque d’Angleterre, nous développons un modèle DSGE à deux secteurs avec un secteur bancaire détaillé sur le modèle de Clerc et al. (2015) pour évaluer l’impact des outils macroprudentiels (exigences de fonds propres minimales, contracycliques et sectorielles, comme ainsi qu’une limite prêt/valeur) sur des variables macroéconomiques et financières clés. Le secteur bancaire présente des prêts hypothécaires résidentiels et des prêts aux entreprises soumis à des taux d’intérêt échelonnés à la Calvo (1983), ce qui est motivé par la faible évolution des taux débiteurs en raison des contrats de prêt à taux d’intérêt fixe. D’autres distorsions dans le modèle incluent la responsabilité limitée, les frais de faillite et les frais de pénalité pour les écarts par rapport au capital réglementaire. Nous estimons le modèle à l’aide de méthodes bayésiennes basées sur des données trimestrielles du Royaume-Uni sur la période 1998T1-2016T2. Nos contributions sont triples. Nous montrons que : (i) la coordination des outils macroprudentiels peut avoir un effet d’amélioration du bien-être, (ii) les outils macro prudentiels auraient amélioré certains indicateurs macroéconomiques mais, dans notre modèle, n’auraient pas empêché la crise financière mondiale, (iii) des taux d’intérêt échelonnés peut altérer la transmission des outils macroprudentiels qui fonctionnent via les taux d’intérêt. Le troisième chapitre est intitulé “Monnaie numérique de la Banque centrale et stabilité financière”. Cet article étudie l’impact potentiel de l’introduction de la monnaie numérique de la banque centrale (CBDC) sur le risque de liquidité bancaire et la stabilité financière. Je développe un modèle avec des contrats de dépôt nominaux augmentés d’une contrainte d’avance de trésorerie qui rend le système bancaire vulnérable aux ruées. Les banques peuvent générer de la monnaie interne mais ont un accès limité à la monnaie ou aux espèces externes. La banque centrale n’est pas confrontée à cette limitation car elle a le monopole de l’émission de monnaie fiduciaire. Un mécanisme CBDC bien conçu, dans lequel les déposants détiennent des dépôts à la banque centrale et la banque centrale prête directement aux banques, a le potentiel d’améliorer la stabilité financière car il peut empêcher les courses auto-réalisatrices sur les banques/banque centrale tout en fournissant des services de liquidité aux déposants.

Le quatrième chapitre est intitulé “Monnaie numérique de la banque centrale, assurance-dépôts et réglementation des capitaux”. Cet article étudie l’impact potentiel de l’introduction de la monnaie numérique de la banque centrale (CBDC) sur la stabilité financière, l’assurance-dépôts et la réglementation prudentielle des fonds propres. J’intègre CBDC dans le cadre développé dans Allen et al. (2015). Le modèle présente la segmentation des marchés financiers, le risque de défaillance bancaire et les coûts de faillite, qui déterminent le niveau socialement optimal du capital bancaire. La sous-tarification de l’assurance-dépôts crée une distorsion selon laquelle les banques n’internalisent pas entièrement les coûts de faillite associés aux défaillances bancaires et finissent par augmenter un niveau de capital sous-optimal. Le modèle suggère que le mécanisme CBDC, dans lequel les déposants détiennent des dépôts à la banque centrale et la banque centrale prête directement aux banques, émerge comme un substitut à l’assurance-dépôts, tout en évitant les distorsions associées à cette dernière. La CBDC permettrait aux banques centrales d’utiliser le taux d’intérêt comme outil de mise en œuvre de la politique prudentielle. La CBDC a le potentiel d’améliorer la stabilité financière car elle peut (a) fournir un rendement sans risque aux déposants (grâce aux avantages de la diversification) en mettant en commun le risque de crédit de l’ensemble du système bancaire (b) inciter les banques à lever un montant optimal de capital et éviter des prises de risque systémique, réduisant ainsi la nécessité d’une réglementation prudentielle des fonds propres.