Jacint ENRICH MOYA soutiendra sa soutenance de thèse en sciences économiques le 16 décembre 2021 à 15h00
Auditorium 4 (Pour assister à la lecture publique merci de conacter Elvire JALRAN)
Titre de la thèse : Essays on Agricultural Productivity and Development
Directeur de thèse: François Salanié
Co-directeur: Sylvain Chabé-Ferret
Les membres du jury :
- Madame KALA Namrata, Professeur Assistant, MIT Sloan School of Management
- Monsieur FOSTER Andrew, Professeur, Brown University
- Madame BUSTOS Paula, Professeur, CEMFI
- Monsieur SALEH Mohamed, Professeur, Université Toulouse 1 Capitole – TSE
- Monsieur SALANIÉ François, Chercheur INRAE, Université Toulouse 1 Capitole – TSE
Résumé :
Cette thèse comprend trois essais qui étudient les déterminants de la productivité agricole et ses effets sur la transformation structurelle et le développement économique.
Le premier chapitre étudie l’effet du tracteur sur la transformation structurelle de l’économie française entre 1970 et 2000. Tout d’abord, j’établis les conditions pour lesquelles le changement technique du tracteur, qu’il provienne d’une diminution du prix du tracteur ou d’une augmentation de sa productivité, réduit le besoin en main d’œuvre de l’agriculture et la déplace hors de ce secteur dans un modèle d’économie ouverte à deux secteurs. Ensuite, je propose une nouvelle stratégie empirique afin d’identifier les paramètres de ce modèle en utilisant des données sur la puissance des tracteurs et les variations géographiques exogènes de la pente du terrain. Mes estimations montrent que le changement technique des tracteurs conduit à une réallocation de la main d’œuvre agricole hors de ce secteur. Je montre néanmoins, à partir de simulations contrefactuelles, que le changement technique des tracteurs ne représente qu’environ 4% de la réallocation globale de la main d’œuvre au cours de cette période. Cependant, j’observe des effets hétérogènes en fonction de la source du changement technique. En particulier, bien que les réductions des prix des tracteurs aient eu un impact limité sur la demande de main-d’œuvre agricole, ce sont les améliorations de la productivité des tracteurs qui ont le potentiel de déclencher la transformation structurelle.
Les deux autres chapitres portent sur les difficultés à redistribuer les terres de cultures afin d’en permettre une utilisation plus productive et sur les politiques publiques visant à obtenir de meilleures allocations. Dans le deuxième chapitre, j’étudie les problèmes de parcellisation des terres. La parcellisation des terres est souvent considérée comme un facteur négatif à l’efficacité de l’agriculture mécanisée. Son coût pourrait aller jusqu’à retarder l’adoption de nouvelles technologies, empêchant ainsi la transformation structurelle de se produire. Dans ce chapitre, Sylvain Chabé- Ferret et moi-même étudions l’effet d’un important programme français de remembrement foncier en France sur la productivité agricole. Entre 1942 et 2008, plus de la moitié de la surface agricole française a changé de mains dans le cadre d’une réforme foncière majeure appelée "Remembre- ment". En utilisant la méthode des Difference-In-Differences (DID) comparant les communes où le remembrement a eu lieu tôt aux communes où le remembrement a eu lieu plus tard, nous ne détectons pas d’impact du remembrement sur l’adoption du tracteur ni sur le processus de concentration du secteur agricole. Le remembrement ne semble pas avoir déclenché la transformation structurelle de l’agriculture française, mais plutôt l’avoir suivie.
Dans le troisième chapitre, j’étudie un problème de négociation entre deux agriculteurs qui veulent échanger leurs parcelles, sachant que chaque agriculteur a une information privée sur la qualité de son terrain. Dans ce cadre, chaque parcelle a plus de valeur pour l’agriculteur qui ne la possède pas initialement et donc, en information complète, il est toujours efficient d’échanger. En utilisant la théorie des mécanismes d’incitations, je caractérise d’abord les mécanismes qui entrainent une révélation sincère de la qualité du terrain de chaque agriculteur. Ensuite, je montre que le mécanisme qui maximise le surplus espéré de l’échange restreint les échanges à des combinaisons de types qui se trouvent soit sur ou en dessous d’une frontière. Enfin, je pose une contrainte supplémentaire en considérant une situation sans compensation monétaire. Je trouve que des échanges peuvent avoir lieu si chacune des parcelles échangées ne dépasse pas une qualité limite. En conclusion, l’asymétrie d’information limite les échanges les plus avantageux entre les parcelles de haute qualité.