A la veille des élections européennes, l'union monétaire est souvent pointée du doigt. Est-ce vraiment une erreur économique, une construction incohérente qui serait responsable de la montée du chômage dans les pays du sud ? A y regarder de plus près, il s'agit plutôt d'un renoncement politique, le refus de mener la construction européenne à son terme.
Les bénéfices et inconvénients d'une monnaie commune sont bien identifiés : une stabilité du change, une moindre inflation, mais, en contrepartie, la perte d'un mécanisme important d'ajustement. Ainsi, une dévaluation aurait certainement permis plus facilement à la Grèce de traverser la crise que la baisse des salaires induite par une longue et douloureuse politique d'austérité. En période de crise, l'influence des mécanismes d'ajustement et de l'intégration fiscale a été soulignée dès les années 1960 par Robert Mundell et Peter Kenen, et a donné lieu à la théorie des « zones monétaires optimales ».