Mercredi 24 avril, TSE a organisé une conférence de lancement du dernier numéro de TSE Mag, notre magazine de vulgarisation scientifique, à la Médiathèque José Cabanis.
A l'occasion de la parution du dernier numéro de notre magazine de vulgarisation scientifique, TSE Mag, une conférence adressée au grand public s'est tenue à la Médiathèque José Cabanis, à Toulouse. Zohra Bouamra-Mechemache, directrice de recherche TSE-INRAE et de Sylvain Chabé-Ferret, chercheur TSE-INRAE, ont partagé leurs derniers travaux concernant le changement climatique. Animée par Caroline Pain, chargée des contenus scientifiques et des relations presse à TSE, la conférence intitulée "Le pouvoir du changement : comment agir en faveur du climat ?" a été l'occasion de partager avec environ 50 personnes ce que l'économie propose pour répondre à cette question. A l'issue de 45 minutes de présentation avec les deux chercheurs, de nombreuses questions ont été posées par le public.
Voici quelques morceaux choisis de la conférence :
Zohra Bouamra-Mechemache : "L'alimentation représente 24 % des émissions de gaz à effet de serre des Français et la principale origine de ces émissions provient de l'élevage. Pour une même quantité de protéine, la viande rouge émet dix fois plus que le poulet, qui émet lui même dix fois plus qu'un produit végétal." La chercheuse estime qu'un "rééquilibrage est nécessaire, étant donné que notre consommation moyenne de produits animaux est supérieure à nos besoins nutritionnels".
"Un des outils recommandés par l'économie est les prix et les taxes. Par exemple, la taxe sucre sur les sodas dans de nombreux pays a permis d'enrayer l'augmentation des boissons sucrées, voire de baisser leur achats."
Sylvain Chabé-Ferret : "Pour agir en faveur du climat, il faut agir sur les comportements, et pour ce faire, il existe un outil appelé les nudges ou les incitations non-monétaires. Elles utilisent un levier psychologique pour changer les comportements et agir sur l'architecture de choix des personnes."
"Un exemple de nudge pourrait être de mettre les plats végétariens en premier dans la queue du self ou alors de transmettre aux consommateurs d'électricité une comparaison entre leur consommation et celle de ménages similaires qui ont une consommation plus efficace."
Mais selon l'économiste, cet outil présente "des effets très faibles et parfois imprévisibles".
Zohra Bouamra-Mechemache : "Pour faire évoluer les comportements, il faut surtout que des politiques structurantes soient mises en place par les gouvernements : des politiques d'information avec des étiquetages et des labels qui fournissent des informations sur le mode de production des produits alimentaires et leur impact environnemental par exemple. Mais il peut aussi s'agir de politique d'éducation, avec l'introduction de produits dits 'durables' dans la restauration collective publique."
"Néanmoins, les gouvernements, on le voit, font souvent face à des lobbies puissants. Un bon exemple est la tentative d'interdiction pour les produits végétaux d'avoir des dénominations faisant référence à des produits d'origine animale, comme le steak végétal. Cela a finalement été retoqué par le Conseil d'Etat, mais c'est une illustration assez flagrante du poids des lobbies. Comme ce fut le cas pour le glyphosate ou pour le nutri-score."
Sylvain Chabé-Ferret : "En dehors des gouvernements, les citoyens et les citoyennes peuvent - et doivent - également agir. Malheureusement, il existe une injonction contradictoire entre la facette de citoyen et celle de consommateur, influencés par le capitalisme. Personne ne veut supporter les coûts d'adaptation au changement climatique et tout le monde voudrait bénéficier de l'adaptation des autres, c'est le phénomène du passager clandestin."
"Il faut bien avoir en tête que le problème est plus vaste que cela, les préoccupations des Européens sont bien éloignées de celles des habitants des pays en développement qui seront très probablement les premières victimes du changement climatique. Pour permettre un rééquilibrage, Esther Duflo, Prix Nobel d'Economie, propose par exemple ce qu'elle appelle une "dette morale" dont devraient s'acquitter les pays riches envers les pays pauvres pour financer la lutte contre le changement climatique."