TSE MAG 26 - Aller plus loin

22 Avril 2024 Environnement

Cet article a été publié dans le magazine de vulgarisation scientifique de TSE, TSE Mag. Il fait partie du numéro paru au printemps 2024, dédié à la "révolution climatique". Découvrez le PDF complet ici et écrivez-nous pour recevoir une copie imprimée ou nous partager vos impressions, à cette adresse.

Les nudges sont un moyen peu coûteux et facile à mettre en place par les gouvernements pour encourager les changements de comportement. Par exemple, indiquer à quelqu’un que son voisin consomme moins d’électricité que lui peut l’encourager à baisser sa consommation. Mais l'impact de telles mesures n'est qu'une goutte d'eau dans l'océan, affirme Sylvain Chabé-Ferret. Dans une récente contribution au journal « One Earth », avec sa collègue de TSE Anouch Missirian, ils affirment qu'une action plus percutante sera nécessaire pour éviter une catastrophe climatique.

POURQUOI LES NUDGES NE SUFFISENT-ILS PAS?  

Bien que souvent rentables, les nudges ont des effets très limités. Dans une récente étude auprès des agriculteurs français, nous avons constaté que les lettres d’information et autres incitations non-monétaires ne déclenchent un comportement pro-environnemental que chez 1 à 2 % d’entre-eux. 

Les nudges peuvent aussi avoir des effets inverses à ceux attendus, en raison de mécanismes psychologiques ou du contexte économique. Par exemple, ils peuvent décourager l’adoption d’alternative aux pesticides chimiques. 

"NUDGE":  cette théorie développée par le Prix Nobel d’Économie 2017, Richard Thaler, renvoie aux politiques dites « coup de pouce » qui visent à nous orienter vers de meilleurs choix, sans recourir à la carotte ou au bâton.

QUELLES SONT LES POLITIQUES LES PLUS EFFICACES POUR CHANGER LES COMPORTEMENTS?

Pour être efficaces, les politiques doivent être plus fermes afin de guider tous les acteurs vers des objectifs climatiques. Elles doivent donner une ligne directrice claire. C’est le cas du système de quotas d’émission de CO2 dans l’UE : ce cadre règlementaire et économique pose des limites de pollution dans cette zone et oblige les acteurs à acheter ou vendre des quotas qui les autorisent à émettre une quantité limitée de CO2. Cela a incité les fabricants à réduire leurs émissions de CO2 de 14 à 16%, sans contraction apparente de l'activité économique. 

COMMENT CETTE APPROCHE PEUT-ELLE ÊTRE APPLIQUÉE À TOUS LES CITOYENS?

L’acceptabilité de mesures environnementales auprès des consommateurs dépend de leur perception de l’équité de ces mesures. Les taxes vertes sur le chauffage ou sur la viande sont impopulaires et risquent de pénaliser les foyers les plus pauvres qui consacrent une part plus importante de leurs revenus à ces dépenses. A l’inverse, une augmentation du prix du carbone en fonction du revenu ou de la consommation de celui-ci paraît plus équitable et donc plus acceptable. 

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