Anaïs Fabre soutiendra publiquement ses travaux de thèse mercredi 12 juin 2024 à 14h00 Auditorium 5.
Titre : "Essays on Higher Education Access and Econometrics"
Directeurs de thèse : Thierry MAGNAC et Olivier DE GROOTE
Pour assister à la session, merci de prendre contact avec le secrétariat Christelle Fotso Tatchum
Les membres du jury sont :
- Thierry Magnac : Professeur d'Economie, TSE-UT Capitole, Directeur de thèse
- Olivier de Groote : Professeur assistant, TSE-UT Capitole, Co-directeur de thèse
- Michela TINCANI : Professeure Associée, University College London, Rapporteure
- Peter ARCIDIACONO : Professeur d'Economie, Duke University, Rapporteur
- Christian BELZIL : Directeur de Recherche, CNRS/ENSAE-CREST, Examinateur
Résumé
Cette thèse se compose de quatre chapitres ayant deux objectifs principaux : (i) approfondir notre compréhension des déterminants des inégalités d'accès à l'enseignement supérieur et (ii) élargir et approfondir notre compréhension des outils économétriques d'évaluation de politiques.
Le premier chapitre utilise des données administratives détaillées pour documenter que la distribution spatiale des options d'enseignement supérieur est très inégale. Il met en évidence que la demande des étudiants pour les programmes est élastique à leur proximité géographique. Exploitant des variations quasi-expérimentales, il est souligné que la réduction des barrières à la mobilité pourrait permettre aux étudiants de postuler à des établissements plus éloignés de leur lieu de résidence, mais cela pourrait également entraîner une fuite des cerveaux vers les pôles d'enseignement supérieur. Un modèle dynamique englobant ces mécanismes est développé et estimé, reliant l'équilibre sur le marché de l'enseignement supérieur aux choix de localisation des nouveaux-entrants sur le marché du travail. L'interaction entre la distribution inégale des établissements d'enseignement supérieur et les obstacles à la mobilité explique une partie importante des écarts régionaux en termes de niveau d'éducation. Cependant, éliminer les obstacles à la mobilité pourrait aggraver les inégalités régionales en accélérant la migration des étudiants vers les pôles d'enseignement supérieur. Associer des bourses à la mobilité à des incitations pour les travailleurs à revenir dans leur département d'origine pourrait résoudre cette tension.
Les chapitres 2 et 3 explorent d'autres facteurs contribuant aux inégalités dans l'accès à l'enseignement supérieur. Le chapitre 2, co-écrit avec Olivier De Groote, Margaux Luflade et Arnaud Maurel, explore les effets de la conception des plateformes d'admission universitaire sur le bien-être des étudiants. Nous examinons une procédure séquentielle d'appariements des étudiants aux programmes d'éducation supérieure, qui crée un arbitrage dynamique pour les étudiants: ils peuvent retarder leur décision afin de potentiellement recevoir une meilleure offre, au coût d'une attente supplémentaire. Grâce à un modèle dynamique, nous constatons que les coûts d'attente sont un déterminant clé de l'affectation finale des étudiants. L'utilisation d'un système séquentiel conduit à des gains de bien-être substantiels, mais inégalement répartis.
Le chapitre 3 se concentre sur les frictions informationnelles dans les procédures d'admission universitaire. En utilisant des données provenant du mécanisme d'admission centralisé au Chili, il est constaté que 26 % des candidats soumettent des candidatures invalides, ce qui suggère un manque d'information sur les règles du système. L'estimation d'un modèle de choix de candidature sous information incomplète permet de quantifier l'impact de ce manque d'information. 80% des étudiants non-informé et non-admis auraient été admis dans un scénario où les frictions informationnelles sont éliminées. Les résultats indiquent que la complexité du processus de candidature nuit de manière disproportionnée aux étudiants de milieux défavorisés.
Enfin, le chapitre 4 vise à approfondir la compréhension des économistes de l'estimateur "Two-Way Fixed Effects" (TWFE). Il fournit les conditions nécessaires et suffisantes pour que cet estimateur soit robuste aux effets de traitement hétérogènes. Cet estimateur est décomposé en une somme pondérée de cinq types de doubles différences, avec des poids positifs. Il est ensuite démontré qu'une hypothèse de tendances parallèles concernant les non-bénéficiaires ou les bénéficiaires doit être vérifiée pour que chaque comparaison identifie l'effet moyen de l’intervention du groupe changeant d'état de traitement. Les deux hypothèses de tendances parallèles sont donc nécessaires et suffisantes pour garantir la robustesse de l'estimateur TWFE aux effets de traitement hétérogènes