TSE MAG 26 - Peut-on voyager sans polluer?

22 Avril 2024 Environnement

Cet article a été publié dans le magazine de vulgarisation scientifique de TSE, TSE Mag. Il fait partie du numéro paru au printemps 2024, dédié à la "révolution climatique". Découvrez le PDF complet ici et écrivez-nous pour recevoir une copie imprimée ou nous partager vos impressions, à cette adresse.

Les voitures contribuent largement au changement climatique et à la pollution atmosphérique locale, qui constitue le plus grand risque environnemental pour la santé en Europe. Pour contrer ce constat, un large éventail de normes d’émissions, de subventions et de taxes a été instauré. Financés par l'Agence nationale de la recherche (ANR), Isis Durrmeyer et Mathias Reynaert ont étudié leurs effets sur les constructeurs automobiles, les consommateurs et l'environnement.

POURQUOI ÉTUDIER CE PHÉNOMÈNE?

ISIS : Pour concevoir la meilleure politique, les régulateurs doivent préciser leurs objectifs et l’importance accordée à chaque résultat. Mes recherches montrent qu'une politique favorable au climat peut avoir des coûts cachés, c’est-à-dire des conséquences néfastes, pour la santé publique. Je me suis penchée sur le "bonus/malus écologique", qui fixe des taxes et des subventions pour les nouvelles voitures en fonction de leurs émissions de carbone. Il a favorisé les voitures diesel, qui produisent moins de carbone mais émettent davantage de polluants atmosphériques locaux, très dangereux pour la santé.  

MATHIAS : Lorsque le gouvernement créé des taxes ou définit des seuils de pollution, il doit tenir compte des potentielles réactions des consommateurs, mais aussi celles des entreprises du secteur des transports. L’intérêt de notre travail est de combiner tous ces éléments dans un seul modèle d’analyse pour comprendre les effets de ces règlementations. Le financement de ce projet par l’ANR nous a également permis d’être aidés par des doctorants de TSE comme Kevin Remmy, qui a travaillé sur les subventions aux voitures électriques.  

LES GOUVERNEMENTS DOIVENT-ILS INTERVENIR?

ISIS : Si les gouvernements sont prêts à dépenser 200 millions d'euros pour le "bonus/malus écologique", les économistes peuvent aider les à concevoir et à évaluer des politiques qui, contrairement à celles-ci, ne génèrent pas de risques sur la santé publique. 

Nous essayons également de montrer quand une politique favorise certains individus par rapport à d'autres, car cela peut être crucial pour l'acceptation du public. Par exemple, les manifestations des "Gilets Jaunes" en France ont été déclenchées par une augmentation de la taxe sur le diesel qui a eu peu d'impact sur l'ensemble de la population, mais qui a pénalisé les conducteurs dans les zones rurales.  

MATHIAS : Lorsque les conducteurs montent dans leur voiture, ils ne pensent pas qu'ils vont nuire à d'autres personnes. Cette conséquence de la pollution est un argument clair pour encourager l’intervention des pouvoirs publics. La manière dont nous concevons la réglementation et les taxes dans ces environnements complexes déterminera les effets sur le climat, la pollution locale, la santé et l'économie. 

POUR ALLER PLUS LOIN

Peut-on voyager sans polluer ? Can we travel without polluting? Video youtube