Soutenance de thèse de Paul Henri MOISSON, 4 septembre 2024

4 Septembre 2024 Recherche

Paul Henri MOISSON soutiendra publiquement ses travaux de thèse mercredi 4 septembre 2024, à 16h00, soutenance hybride (Auditorium 3 & zoom, bâtiment TSE)

Titre : "Essays in Organizational Economics"

Directeurs de thèse: Jean TIROLE et Johannes HÖRNER

Pour assister à la séance publique, merci de contacter le secrétariat Christelle Fotso Tatchum

Les membres du jury sont :

Jean TIROLE : Président Honoraire TSE & IAST – Directeur de thèse

Johannes HÖRNER : Directeur de recherche CNRS - Co-Directeur de thèse

David AUSTEN-SMITH : Professeur d'économie, Kellogg School of Management Rapporteur

Mathias DEWATRIPONT : Professeur d'économie, Solvay Brussels School of Economics & Management Rapporteur

Résumé

Cette thèse aborde des questions d’économie des organisations et d’économie industrielle. Le premier essai porte sur la méritocratie et l’inégalité, étudiant le comportement d’individus dans une société où le « mérite » est récompensé, mais où tous ne partent pas du même point. L’essai propose un modèle où chacun choisit publiquement une activité parmi d’autres et y exerce un effort privé, mais où les individus diffèrent selon une « dotation » observable de façon privée mais influant sur leur performance publique. Le mérite récompensé par l’audience inclut talent, effort et dotation. Deux effets émergent : un déplacement selon lequel les moins favorisés tentent d’éviter les plus favorisés pour préserver la perception de leur talent par l’audience, et une distinction selon laquelle les plus favorisés tentent d’éviter les moins favorisés pour préserver la perception de leur dotation par l’audience. Tandis que le déplacement attire les moins favorisés vers des activités avec de plus faibles incitations à l’effort, la distinction entraîne les plus favorisés vers des activités avec de plus fortes incitations. La domination du déplacement ou de la distinction peut renverser les conséquences de politiques publiques, et rendre la méritocratie désirable ou non. Le premier essai étudiant le choix d’activités ou d’organisations, la question du choix des nouveaux membres d’une organisation par les membres actuels se pose.

Les deuxième et troisième essais, co-écrits avec Jean Tirole, portent sur la cooptation, lorsque les individus sont soucieux de la qualité de leurs collègues et de leur proximité en termes d’opinions. Le deuxième essai se concentre sur les enjeux liés au contrôle de l’organisation. Il caractérise les deux régimes fondamentaux : la méritocratie (recrutement des plus talentueux) et le « retranchement » (recrutement de partisans afin de s’assurer le contrôle de l’organisation). L’essai étudie plusieurs interventions publiques et leurs conséquences, parfois néfastes. Le troisième essai se concentre sur les enjeux d’attractivité, montrant qu’afin d’attirer des candidats talentueux, une organisation peut se lancer volontairement dans une politique de discrimination positive lorsque la qualité et la diversité actuelles de l’organisation lui permettent d’espérer le succès à court terme d’une telle politique. Une organisation peut connaître des spirales vertueuses lors desquelles sa qualité et sa diversité évoluent de façon non-monotone, avec d’importantes conséquences pour l’intervention publique.

Le quatrième essai, co-écrit avec Pierre Dubois et Jean Tirole, s’intéresse aux (dés)avantages comparatifs des coopératives d’usagers par rapport aux sociétés à seul but lucratif. Les membres d’une coopérative bénéficient d’un accès gratuit au bien produit, ce qui avantage la coopérative lorsque le marché n’est pas un monopole (autrement, les membres perdent en tant qu’actionnaires ce qu’ils gagnent en tant qu’usagers). Néanmoins, la demande résiduelle créée par la formation d’une coopérative conduit à des prix futurs plus faibles, et donc une faible propension à payer pour devenir un membre de la coopérative. Le second effet domine lorsque la taille du marché est restreinte et l’intensité de la concurrence élevée – aucune coopérative n’apparaît alors –, tandis que le premier effet domine lorsque le marché est grand et l’intensité de la concurrence faible – une coopérative émerge et peut aller jusqu’au monopole.

Enfin, le cinquième essai étudie les comportements prosociaux lorsque leurs conséquences sont déterminées par des équilibres de marché et des interventions de politique publique, en s’intéressant plus particulièrement à l’investissement socialement responsable. L’essai interroge les relations entre les critères moraux des investisseurs, leurs investissements, leur 3 rentabilité et leurs conséquences environnementales. L’essai identifie une « prime de moralité » et ses conséquences en termes de politiques publiques.