Les dirigeants grecs calment le jeu avant leur tournée européenne.
Il est possible de privatiser d’un coup 75 % du PIB Grec. Ce qui permettrait de ramener de 175 à 100 % le taux d’endettement du pays.
Et si l’on privatisait d’un seul coup cette année l’équivalent de 75?% du PIB grec soit 150 milliards d’euros d’actifs? C’est possible avec une valorisation astucieuse. Et cela permettrait de réduire d’un coup la dette grecque de 175?% à 100?% du PIB.
Les privatisations en Grèce sont chaotiques. En 2012, le Parlement du pays avait voté la privatisation d’une longue liste d’actifs publics (entreprises d’électricité, eau, gaz, ports, sociétés de services, immeubles, terrains…). Le gouvernement espérait alors en tirer 25?% du PIB d’ici à 2020. Ce fut un échec?: de 2012 à 2014, les privatisations n’ont rapporté que 1,5?% du PIB. Le FMI, en 2014, n’en espérait guère que 7,5?% du PIB sur la période 2015-2020.
Rappelons que la valeur d’une action (et d’une société privatisable) est égale à la somme de ses revenus futurs, exprimés en euros d’aujourd’hui. C’est la somme des dividendes futurs (Dn), chacun divisé par le taux d’actualisation ((1?+?i) n) de l’année n (le taux d’actualisation étant proche du taux d’intérêt). Plus les dividendes futurs seront élevés, plus la valeur des sociétés privatisables est élevée. Plus le taux d’actualisation est faible, plus la valeur des privatisables est élevée (car les dividendes futurs seront divisés par un nombre plus petit). C’est le point essentiel ici.
L’échec des privatisations grecques était prévisible. Quand un investisseur veut acheter une société privatisable, il utilise comme taux d’actualisation?: le taux d’intérêt sur la dette publique du pays (reflet du risque général du pays, 10?% en Grèce), plus une prime de risque spécifique aux actions (3?% en général) et une prime de risque spécifique au secteur d’activité (que j’estime à 2?% pour la Grèce). En Grèce, le taux d’actualisation de marché est donc de 15?% (= 10?% +?3?% +?2?%). Avec ce taux d’actualisation à 15?%, toute valorisation des actifs grecs à privatiser ne pouvait que donner des sommes misérables –?ce qui fut le cas.
Mais, pour les Etats Européens vis-à-vis de la Grèce, le taux d’actualisation est beaucoup plus faible et même négatif?! Aujourd’hui, les Etats européens appliquent à leurs créances sur la Grèce des taux d’intérêt de 0?% pendant plusieurs années, puis de 0,5?% à 1,5?% par an. En outre, les Etats européens envisagent de réduire le poids réel de cette dette grecque, par des reports dans le temps des échéances. En termes financiers, cela est équivalent à appliquer un taux d’intérêt négatif sur la dette grecque, ce qui implique que, pour la Grèce, le taux d’actualisation des pays européens est négatif?! De combien?? En supposant que les pays européens sont prêts à réduire leurs créances de moitié à horizon de trente ans, le taux d’actualisation serait de –?2,5?% par an. Avec ce taux d’actualisation de –?2,5?%, la valeur (sur trente ans) des actifs privatisables grecs est alors multipliée par 7, comparée à la valorisation par le marché?; cela change tout?!
Si l’on rajoute que les Etats européens feront tout pour garder la Grèce à flot et la sortir de son ornière, on peut estimer que les dividendes futurs des compagnies grecques seront significativement plus élevés que ceux estimés maintenant (en pleine récession). Avec ces deux effets, la valeur pour les Etats européens créanciers des actifs privatisables grecs est environ 10 fois supérieure à la valorisation de marché, soit une valorisation de 75?% du PIB grec (150 milliards d’euros).
Ma suggestion est donc que les Etats de l’Union européenne échangent, en 2015, 150 milliards d’euros de leurs créances (sur un total de 195 milliards) contre la cession immédiate de l’ensemble des actifs privatisables (votés en 2012), ce qui abaisserait immédiatement la dette grecque de 175?% à 100?% du PIB, un niveau enfin soutenable?! La gestion de ces privatisations serait confiée à la Banque européenne d’investissement. Au-delà des aspects financiers, ce «?debt equity swap?» XXL est de l’intérêt des Européens, car les privatisations entraîneront une meilleure productivité de ces entreprises, qui se propagera au reste de l’économie grecque. Bien sûr, le gouvernement grec actuel va renâcler, car il aimerait une simple réduction de sa dette sans privatisation (ce qui ferait plaisir à sa base électorale), mais, à ce prix-là (150 milliards d’euros), il devrait accepter pour se libérer de ce qu’il nomme «?l’esclavage par la dette?». Solder enfin (à un très bon prix pour tous) le passé de la Grèce, pour enfin préparer sa prospérité à veni