Pour relancer la machine économique, vous formulez l’idée qu’il faudrait renoncer aux vacances… Comprenez-vous que cette proposition puisse choquer ?
Les vacances touchent à un symbole, les congés payés… Il s’agit de droits durement gagnés par les travailleurs en 1936. Je comprends que le fait de remettre en cause les vacances puisse choquer. Je tiens pourtant un langage de vérité. Les salariés ne pourront pas prendre toutes leurs vacances cette année. Pour l’heure, nous ignorons encore la durée de la période de confinement, ainsi que le temps qu’il faudra pour sortir progressivement du confinement… En lançant des plans de relance, qui ne seront pas suffisants face à une telle crise, les États créent du déficit. Et ces déficits, il faudra bien les rembourser un jour ou l’autre ».
La taxation ne serait-elle pas une meilleure solution ?
« Il n’est pas non plus impossible que l’on remette en place une forme d’imposition sur le capital. Les Français épargnent beaucoup, l’on pourrait aussi inciter les gens à emprunter des bons d’État… Quoi qu’il en soit, des mesures seront nécessaires pour faire face aux faillites d’entreprises et au chômage. De leur côté, beaucoup d’entreprises ont renoncé cette année à la distribution de dividendes. La solidarité devra s’exprimer, y compris chez les salariés ».
En renonçant à tout ou partie de ses vacances ?
« Il faudra bien reprendre le travail. Une façon très simple de contribuer à l’effort serait de réduire le nombre de jours de congés payés. D’ailleurs, au vu de la période de dé-confinement qui s’annonce, vous ne pourrez pas partir en vacances. Le virus ne va pas s’arrêter de circuler cet été… D’un point de vue économique, la généralisation du confinement est une mesure archaïque. Une grande partie des citoyens restent confinés au domicile sans être malades… Pour ne pas saturer les hôpitaux, l’on ne fait qu’étaler la courbe dans le temps ».« Il sera difficile de maintenir tous nos avantages »
Quitte à sacrifier l’industrie du tourisme ?
« Ce secteur sera en effet le plus impacté par cette crise, et pendant longtemps. Ce n’est pas le seul. Les compagnies aériennes sont à l’arrêt, elles vont retarder les commandes pour renouveler leur flotte, voire les annuler… La période à venir risque donc d’être compliquée pour Airbus. Par conséquent, une bonne façon d’aider l’économie, c’est de renoncer aux vacances et de travailler quand son secteur d’activité le permet. L’État ne pourra pas tout faire. Il sera difficile de maintenir tous nos avantages. Le coût de cette crise sanitaire est astronomique. Pourquoi ne pas abandonner tout ou partie de nos droits aux vacances pour relancer la machine ? Le chômage partiel n’est pas la panacée. L’on voit apparaître quelques abus de-ci de-là… »
En touchant aux congés payés, d’autres digues ne risquent-elles pas de céder ? Par exemple, les 35 heures ?
« L’idée serait d’abandonner des RTT ou des congés payés… Peut-être une semaine, peut-être dix jours… C’est à calculer. Un tel dispositif donnerait aux entreprises une marge de manœuvre considérable. L’on travaillerait donc plus en 2021, pour compenser la crise sanitaire que nous traversons ».
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