Soutenance de thèse de Lisa BOTBOL, 10 juillet 2024

10 Juillet 2024 Recherche

Lisa BOTBOL soutiendra publiquement ses travaux de thèse mercredi 10 juillet 2024 à 14h00, Auditorium 3, Bâtiment TSE

Titre de la thèse : "Three Essays on Matching Markets"

Directeurs de thèse : Thierry MAGNAC et Ana GAZMURI

Pour assister à la conférence, merci de contacter le secrétariat Me Christelle Fotso Tatchum

Membres du jury :

  • Thierry MAGNAC : Professeur d'économie, TSE - Université Toulouse Capitole Directeur de thèse
  • Ana GAZMURI : Professeure assistante, TSE - Université Toulouse Capitole Co- Directrice
  • Guillaume CHAPELLE : Professeur assistant, Université CY Cergy Paris Rapporteur
  • Julien GRENET : Directeur de Recherche, CNRS/PSE Rapporteur
  • Laurent GOBILLON : Directeur de Recherche, CNRS/PSE Examinateur

Résumé

Cette thèse explore la conception des marchés d’appariement, où une ressource est allouée sans ajustement par les prix. J’analyse comment les mécanismes d’admission scolaire et d’attribution des logements sociaux influencent les inégalités et le bien-être des ménages, en étudiant les décisions des candidats et des entités allocatrices. J’utilise des méthodes d’économétrie structurelle et en forme réduite appliquées à des données de candidatures et d’assignements. De plus, les deux premiers chapitres développent des méthodes pour simuler l’allocation contrefactuelle d’un mécanisme modifié, permettant de comparer les effets de différents designs. Le troisième chapitre quantifie certaines frictions d’un mécanisme d’allocation pour éclairer des réformes potentielles de sa conception.

Le premier chapitre, coécrit avec ma codirectrice Ana Gazmuri, analyse les effets d’une réforme chilienne de 2016 centralisant les admissions à l’école maternelle et introduisant un avantage pour les élèves socio-économiquement défavorisés afin de réduire les inégalités scolaires. Nous quantifions l’impact de la réforme sur les inégalités d’accès à une école de qualité avec une méthode de doubles différences et n’observons pas d’amélioration significative. Pour comprendre pourquoi, nous estimons un modèle de demande basé sur les choix d’école dans les candidatures, révélant des préférences hétérogènes entre les élèves de niveaux socio-économiques différents. Nos analyses contrefactuelles montrent que même avec un avantage supplémentaire à l’admission pour les élèves défavorisés, l’amélioration resterait limitée. Toutefois, nos simulations suggèrent que si les élèves postulaient à plus d’écoles, la réforme pourrait être plus efficace, car le nombre d’élèves assignés par défaut à une école qu’ils n’avaient pas choisie diminuerait.

Le deuxième chapitre traite de l’allocation des logements sociaux en France. En utilisant un modèle dynamique et une nouvelle base de données sur les demandes et les attributions, je compare différents mécanismes d’allocation en termes de surplus des demandeurs. Pour simuler le comportement après une modification du mécanisme, je modélise et estime les préférences des demandeurs en les distinguant des attentes concernant les offres futures. Les résultats montrent que le surplus des ménages français est supérieur à celui des autres, tandis que les ménages défavorisés comme les familles monoparentales sont désavantagés. L’analyse contrefactuelle indique que favoriser l’attribution aux ménages les plus pauvres améliorerait significativement le surplus, tandis que des attributions basées uniquement sur le temps d’attente le diminueraient.

Pour améliorer la compréhension de l’allocation de logements sociaux en France, le troisième chapitre examine l’opportunisme électoral des maires dans les décisions d’attribution. Grâce à des données sur les attributions, et en les comparant en fonction de leur proximité avec les élections municipales, j’évalue si le type de ménage recevant un logement change selon le cycle électoral. Ma stratégie empirique utilise le fait que certains logements sont administrés par l’État et ne sont donc pas affectés par les élections municipales. Les résultats ne montrent pas de comportement opportuniste des maires, suggérant que les allocations sont influencées par leur couleur politique plutôt que par le cycle électoral. Ces conclusions remettent en question l’idée que la décentralisation augmenterait les manipulations électorales.

Ces trois chapitres soulignent l’influence cruciale du mécanisme sur l’allocation dans un marché d’appariement. Leurs conclusions mettent en lumière les caractéristiques qui réduisent les inégalités et améliorent le bien-être des ménages, informant les politiques de réforme.