Friedrich LUCKE soutiendra publiquement sa thèse en sciences économiques le vendredi 2 décembre 2022 à 9h30 dans l'Auditorium 3 JJ LAFFONT (bâtiment TSE)
TITRE DE LA THESE: «Essays in Macroeconomics and the Financial Cycle»
Directeurs de thèse : Patrick Fève et Fabrice Collard
Pour assister à la soutenance publique, merci de contacter le secrétariat : Christelle Fotso Tatchum
Les membres du jury seront :
- Christian Hellwig (UT1-TSE), Président du Jury
- Patrick Fève (UT1-TSE), Directeur de thèse
- Fabrice Collard (UT1-TSM-TSE)Co-directeur de thèse
- Julien Matheron (Banque de France), rapporteur
- Céline Poilly (Université Aix-Marseille), rapporteure
Résumé :
Cette thèse est divisée en trois essais : macroéconomie et marchés du crédit. Elle met l'accent sur (i) la nature récurrente des événements macroéconomiques, en particulier les cycles des marchés financiers et leurs effets sur l'économie réelle, (ii) les interactions entre pays par le biais des marchés du crédit, et (iii) le rôle que les interventions politiques peuvent jouer pour atténuer les dommages causés à l'économie par les crises des marchés du crédit.
Dans mon premier chapitre, je montre d'abord que les caractéristiques principales de la Grande Modération ont été un passage de la volatilité de la production à des fluctuations à moyen terme et un passage de l'origine de ces fluctuations du secteur réel au secteur financier. J'établis un lien entre ces changements et l'activité des marchés financiers en montrant une relation de causalité Granger par laquelle les cycles financiers atténuent les fluctuations à court terme du cycle économique alors qu'ils amplifient les fluctuations à plus long terme. J'utilise ces résultats pour argumenter que la Grande Modération et la Grande Récession résultent toutes deux des mêmes forces économiques. Enfin, je construis un modèle DSGE avec deux frictions financières et un risque à long terme à la Bansal et Yaron (2004) pour affiner les hypothèses de chance et de bonne politique de la Grande Modération. Ces hypothèses sont vraies à court terme mais ne tiennent pas compte du risque à long terme et des effets néfastes à moyen terme.
Dans le deuxième chapitre, j'étudie comment les flux de capitaux entre pays affectent la synchronisation des cycles financiers de ces pays. J'introduis la pente de co-mouvement de la finance. Cette pente mesure l'effet des flux de capitaux sur la synchronisation des cycles financiers sur des fenêtres d'horizons différents. Je trouve que cette pente est positive et croissante dans l'horizon temporel sur lequel elle est calculée, mais la synchronisation financière est réduite plus les flux de capitaux sont asymétriques. Je présente ensuite un modèle DSGE de flux de capitaux transfrontaliers qui permet de reproduire les principaux résultats empiriques. J'utilise ce modèle pour décomposer la pente de co-mouvement de la finance. Enfin, je montre que la politique macro-prudentielle peut atténuer les effets des flux de capitaux sur la synchronisation financière, mais seulement à court terme.
Le troisième chapitre de cette thèse se concentre sur la dette souveraine. Plus précisément, j'étudie l'incidence des renflouements avec la possibilité que des renflouements soient nécessaires à plusieurs reprises avant que la crise ne soit résolue. Je construis un modèle dans lequel un pays en crise et un pays secourable s'engagent dans une interaction stratégique. Dans ce contexte, des renflouements répétés sont nécessaires jusqu'à ce que le pays en crise regagne la confiance des créanciers internationaux, qui reconduisent sa dette. Le retour sur le marché du crédit peut être facilité si le pays en crise met en œuvre des mesures d'austérité ou si le pays sauveur accorde au pays en crise un transfert unique de ressources. L'interaction stratégique prend fin lorsque le pays en crise a soit retrouvé l'accès aux marchés internationaux du crédit, soit fait défaut. Je montre que le conflit d'intérêt fondamental concernant l'austérité porte sur la vitesse de remboursement de la dette du pays en crise. Pour le sauveteur, les mesures d'austérité et un transfert de ressources vers le pays en crise sont des compléments stratégiques : la mise en place de mesures d'austérité par le pays en crise garantit que les ressources du transfert ne sont pas affectées à la consommation, mais à la réduction de la dette.
Les résultats de cet article suggèrent une nouvelle définition de l'austérité qui distingue la dimension solvabilité et la dimension liquidité d'une crise de la dette souveraine.