En l'étât actuel, le bitcoin est de la pure spéculation

30 Novembre 2017 Finance

Comment peut-on définir le bitcoin et la blockchain?

Le bitcoin est une monnaie virtuelle. C'est un moyen d'échanger des biens et des services, de procéder à un échange économique, mais c'est un moyen virtuel car il n'est garanti par personne, il n'est assuré par aucun intermédiaire. C'est toute la caractéristique de cette monnaie : elle a été créée de façon totalement décentralisée, sans aucune autorité indépendante pour la garantir. Voilà pourquoi il a fallu créer au même moment une technologie capable d'assurer les transactions de façon décentralisée. C'est là qu'est apparue la blockchain qui enregistre les transactions dans tous les ordinateurs individuels de personnes rejoignant la chaîne, selon le système dit « de registres distribués ».

Concrètement, toutes les dix minutes depuis la création du bitcoin, un ordinateur est désigné au hasard pour « miner un bloc », c'est-à-dire enregistrer toutes les transactions intervenues, un peu à la manière des chambres de compensation sur les marchés financiers qui enregistrent les échanges du jour. Lorsque cette équation est résolue, le bloc ayant été miné est fermé et on passe au bloc suivant qui valide de nouvelles transactions sur un autre ordinateur.
Voilà pourquoi on parle de blockchain, une « chaîne de blocs ». L'individu dont l'ordinateur a miné avec succès touche en récompense, une somme en bitcoin. Au départ, cette somme était fixée à 50 bitcoins ; cette valeur se réduit dans le temps pour atteindre aujourd'hui 12,5 bitcoins. C'est de cette manière que la masse monétaire du bitcoin augmente toutes les dix minutes à un rythme de plus en plus lent jusqu'au jour où on atteindra le nombre maximum de bitcoins fixé dès le départ - 21 millions - qui devrait être atteint théoriquement en 2040. On voit cependant fleurir de nouvelles crypto-monnaies...

Effectivement, c'est la grande révolution des derniers mois avec l'apparition de « fourches ». La principale, en août 2017, a donné naissance au bitcoin cash. Puis, en octobre une nouvelle fourche est apparue donnant naissance au bitcoin gold. Une fourche se crée lorsque des utilisateurs sont en désaccord avec la chaîne principale et décident en quelque sorte de modifier le logiciel ainsi que les conventions bitcoins. S'ils trouvent assez d'utilisateurs pour les suivre et accepter de miner sur cette fourche-là alors celle-ci devient une nouvelle blockchain parallèle donnant naissance à une autre monnaie virtuelle. Ces fourches posent un problème de fond : alors qu'en théorie le nombre de bitcoins est officiellement limité, on ne peut plus dire ce qu'il en sera réellement dans la mesure où de nouvelles cryptomonnaies se sont créées. On a même vu fleurir des marchés de contrats futures anticipant la création de nouvelles fourches.

En tant qu'économiste, quelle valeur accordez-vous à cette monnaie ?

Aucune ! Et encore moins avec l'apparition de monnaies concurrentes. La seule valeur qu'on puisse lui attribuer, c'est ce que des gens sont prêts à payer pour acheter du bitcoin ou pour l'échanger contre un produit. En 2010, quelqu'un avait acheté deux pizzas pour 10 000 bitcoins. Si la pizzeria a gardé ces bitcoins, ils valent largement plus aujourd'hui mais la question est de savoir contre quoi elle peut les échanger sur le marché réel ? En ce sens, nous pouvons
dire qu'en l'état actuel, c'est de la pure spéculation et une bulle car personne ne garantit la valeur réelle de cette monnaie comme c'est le cas avec toutes les monnaies légales. Ce système ressemble à une pyramide de Ponzi : vous êtes poussé à rentrer dans la chaîne tant que vous êtes persuadé qu'il y aura toujours quelqu'un derrière pour vous racheter vos bitcoins plus chers. Cela ne peut pas durer infiniment.

 

Article publié dans © l'Opinion