TSE MAG 27 – Le bonheur est-il genré ?

20 Novembre 2024 Santé

Cet article a été publié dans le magazine de vulgarisation scientifique de TSE, TSE Mag. Il fait partie du numéro paru à l'automne 2024, dédié à la santé. Découvrez le PDF complet ici et écrivez-nous pour recevoir une copie imprimée ou nous partager vos impressions à cette adresse.

Les femmes souffrent davantage d'anxiété et de dépression que les hommes. Une étude mondiale menée par Olympia Campbell (IAST) et ses coauteurs cherche à déterminer si cet écart se retrouve chez les adolescents de différentes cultures.

Contrairement aux recherches précédentes sur les sociétés dites "WEIRD" (occidentales, éduquées, industrialisées, riches et démocratiques - Western, Educated, Industrialized, Rich, and Democratic), l'étude d'Olympia utilise de multiples données de santé mentale recueillies dans 74 pays. Ses résultats confirment que les adolescentes souffrent d’un plus grand mal-être que les garçons, notamment en termes de détresse psychologique et de satisfaction à l'égard de la vie. Mais l'ampleur de l'écart entre les sexes est très variable et même inversée dans certains pays, comme l'Arabie Saoudite et la Jordanie. Cela suggère que ce sont les structures sociales plutôt que les différences biologiques qui expliquent cet écart. 

De manière surprenante, Olympia constate que les écarts en matière de santé mentale sont plus importants dans les pays où l'égalité hommes/femmes est plus grande. "Les avancées en matière d'égalité cachent souvent des formes modernes de sexisme, ce qui crée un fossé entre les attentes et la réalité". Olympia insiste  aussi  sur  les "rôles  multiples  et souvent incompatibles que les femmes doivent concilier dans les pays où règne l'égalité des sexes", combinant les idées traditionnelles et modernes sur la "femme idéale". Dans les pays plus inégalitaires, le fait que le rôle de la femme soit, en un sens, plus clair pourrait rendre les filles et femmes moins anxieuses. 

Ces défis ne signifient pas qu'elles préfèrent les rôles traditionnels. "Sans de meilleures mesures du sexisme, nous ne pouvons pas connaître l'impact réel des changements sociaux, ni savoir ce que les femmes ressentiront si les progrès en matière d'égalité des sexes se poursuivent". Il se pourrait bien qu'elles soient beaucoup plus heureuses.