TSE MAG 27 – L'IA va-t-elle guérir le monde ?

22 Novembre 2024 Santé

Cet article a été publié dans le magazine de vulgarisation scientifique de TSE, TSE Mag. Il fait partie du numéro paru à l'automne 2024, dédié à la santé. Découvrez le PDF complet ici et écrivez-nous pour recevoir une copie imprimée ou nous partager vos impressions à cette adresse.

L’intelligence artificielle fait des merveilles pour notre santé. Mais selon le directeur du Centre Santé de TSE, l’Europe doit trouver des moyens d’améliorer l’accès aux données et stimuler l’innovation afin de rester dans la course pour la révolution biotechnologique.

Ces cinq dernières années, l’IA a été de plus en plus utilisée dans les essais cliniques. Les technologies numériques permettent de traiter des quantités de données faramineuses, tout en réduisant les coûts. Grâce à elles, les chercheurs avancent plus rapidement et explorent ainsi de nouvelles techniques, comme les jumeaux numériques (voir ci-dessous). Elles offrent également une plus grande efficacité aux hôpitaux, grâce à la télémédecine et à l'utilisation de l'IA pour améliorer le flux de travail, les notes cliniques, la programmation et le triage.

L’IA A BESOIN DES HUMAINS

L’IA ne remplace pas les médecins et les scientifiques, elle est complémentaire. Par exemple, elle peut trouver des associations entre les gènes et les maladies que des humains ne pourraient pas détecter. Néanmoins, les humains, grâce à leur expertise scientifique, sont souvent meilleurs quand il s'agit d'éliminer les faux positifs et autres erreurs statistiques, avant de conduire des essais cliniques sur les biomarqueurs et médicaments ciblés par l’intelligence artificielle.  

ACCÈS AUX DONNÉES

Les progrès de l’IA soulèvent des problèmes de confidentialité et de concurrence concernant la propriété, le partage et l’utilisation des données. Il faut trouver un équilibre entre ces craintes et le risque d’étouffer l’innovation par des restrictions excessives.  

L’Europe doit faire en sorte d’assouplir ses règles de protection des données lorsque c’est dans l’intérêt général, permettant l’accès à des données de santé standardisées dans un écosystème bien conçu dans cloud souverain (voir ci-dessous). 

RÉFLEXION SUR L'AVENIR

La R&D biomédicale est de plus en plus coûteuse. Au début des années 1990, le coût de développement d'une nouvelle molécule était de l'ordre de 800 millions à 1 milliard de dollars. Aujourd'hui, il a triplé. L'IA peut faire baisser ces coûts, mais l'Europe doit fournir à ses entreprises de biotechnologie la bonne combinaison d'incitations et de soutien. Par exemple, des crédits d'impôt et des revenus minimums garantis pour l’innovation peuvent être combinés grâce à une agence indépendante de subvention à l’innovation comme cela est fait aux États-Unis. 

À long terme, le risque de l’inaction serait immense. S’il est vrai que pour développer de nouveaux antibiotiques, les investissements nécessaires en R&D sont considérables, ils ne sont rien face aux coûts de long terme d’ignorer la montée de la résistance aux antibiotiques. Si nous n’investissons pas et si nous n’améliorons pas la manière dont nous récompensons l’innovation, l’Europe se fera une fois de plus devancer par les États- Unis et l'Asie, exposant ainsi ses citoyens à de futures crises sanitaires 

Les simulations numériques, et l’utilisation de jumeaux numériques, ont ouvert un nouveau monde de possibilités pour l'analyse des médicaments et des dispositifs médicaux. À l'avenir, les médecins pourraient utiliser des patients virtuels pour personnaliser nos traitements.

Contrairement aux clouds publics ou privés, un cloud souverain stocke les données à l'intérieur des frontières nationales ou européennes et adhère aux lois locales sur la protection des données. Cela garantit que les informations sensibles soient traitées conformément aux normes réglementaires.