L’écologie, c’est le plus souvent un coût

27 Novembre 2014 Environnement

Que pensez-vous de la mobilisation générale sur le climat ?

La France veut manifestement être exemplaire dans ce domaine. De gros efforts sont faits, depuis le Grenelle de l’Environnement jusqu’à au- jourd’hui où le gouvernement a l’air très motivé sur le sujet. Cela peut paraître étonnant car nous sommes responsables seulement de 1% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Le bénéfice des efforts faits par la France est donc proche de zéro à court terme. Les problèmes de climat sont bien sûr cruciaux mais a-t-on les moyens de faire des efforts massifs pour les générations futures mondiales ? Ma crainte est que ce que l’on investit pour le climat ne soit pas investi pour la prévention d’autres risques. Par exemple, il faudrait s’occuper d’urgence d’un pro- blème très concret, celui de la pollution locale de l’air. Elle provoque des milliers de morts en France aujourd’hui...

Jugez-vous cependant que le gouvernement envoie les bons signaux dans le domaine climatique ?

Pas vraiment, car si on dit que le climat est important, alors il faut agir. Et la meilleure façon de le faire, même si ce n’est pas la seule, c’est d’envoyer des «signaux prix». Or l’affaire de l’écotaxe montre que l’on a du mal à avoir un Etat fort par rapport à certains lobbies. Autre mau- vais signal donné par les gouvernements successifs : ils s’opposent en général à l’augmentation des tarifs de l’électricité, censée couvrir les coûts d’EDF. Ceci donne un mauvais signal aux consommateurs. Agir sur le prix peut pourtant avoir des effets majeurs. En 2008, le gouver- nement avait mis en place un système de bonus-malus écologique pour inciter les français à acheter des voitures plus sobres. Des études éco- nomiques récentes de Xavier d’Haultfoeuille ont montré que cette mesure a eu un effet psychologique vertueux au delà du prix, et qu’elle a modifié massivement les comportements.

La transition énergétique va-t-elle créer 100 000 emplois ?

On nous avait déjà fait le coup avec le Grenelle de l’Environnement, et je ne vois pas ces emplois promis ! Il faut rappeler que l’écologie, c’est  le plus souvent un coût. Parce que pour être plus sobre, il faut imposer des contraintes. Certains évoquent l'hypothèse de Porter, selon la- quelle une réglementation bien pensée peut engendrer non seulement des bénéfices, mais aussi des bénéfices pour les entreprises qui y sont soumises. Mais comme l’a montré mon collègue Stefan Ambec, l’hypothèse n’est pas vérifiée empiriquement au niveau global dans nos écono- mies. L’idée est simple : il n’existe pas de système gagnant-gagnant qui peut perdurer. Ainsi, on créé des emplois verts, mais on perd des em- plois dans les secteurs polluants. Regardez les difficultés récentes d’Areva qui ne sont pas étrangères à la réduction programmée du poids du nucléaire. Il faut raisonner en emplois nets. C’est très important de faire des efforts pour l’environnement, mais ne véhiculons pas des idées fausses sur les conséquences économiques de ces efforts.

 

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