Ce débat a eu lieu dans le cadre de la troisième édition du Sommet du Bien Commun, organisé conjointement par TSE, Challenges et Les Echos-Le Parisien Evénements. Les 1er et 2 juin 2023, économistes, décideurs économiques, représentants des pouvoirs publics et de la société civile se sont réunis pour réfléchir à une question centrale : comment sauver le bien commun ? Avec plus de 1300 participants et des échanges riches, cette troisième édition confirme l’importance d’évoquer ensemble les enjeux de demain concernant le climat, la mobilité, l’alimentation, l’inflation, mais aussi la santé et l’intelligence artificielle.
Quelle responsabilité et quelle mission pour les entreprises ?
Atteindre le bien commun est aujourd’hui un objectif partagé par beaucoup. Mais dans les faits, comment et qui peut œuvrer en ce sens ? Les entreprises ont une partie de la réponse.
« L’entreprise ne décide pas du bien commun, mais elle le met en œuvre ». C’est la nuance qu’expose Mélanie Tisserand-Berger, présidente du Centre des jeunes dirigeants (CJD), lors de la session de conclusion du Sommet du Bien Commun. Elle estime que ce bien commun doit être « un espace dans lequel nous vivons avec l’objectif de réduire nos impacts, voire de devenir des entreprises régénératives du vivant. »
Des ambitions qu’il faut pouvoir partager avec le plus grand nombre, y compris les actionnaires. « Il fut un temps où ils étaient bien moins gourmands, constate l’économiste belge Mathias Dewatripont. Ca a vraiment dérapé et il faut rééquilibrer les choses ».
A la question de savoir si les notions de profits et de bien commun sont compatibles, Eric Ducourneau, P-DG de Pierre Fabre estime que « sans création de valeur, il n’y a pas d’investissement. Et sans investissement, il n’y a pas de progrès, y compris social et environnemental ».
Extraits de Challenges https://www.challenges.fr/common-good-summit/l-entreprise-ne-decide-pas-du-bien-commun-mais-elle-le-met-en-oeuvre_857349
Créer du savoir et le partager
« La démocratie est très fragile si les gens n’ont pas accès au savoir », constate Jean Tirole, Président honoraire de TSE et Prix Nobel d’économie, en conclusion de cette troisième édition du Sommet du Bien Commun.
« C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai souhaité faire cette profession : pour créer du savoir et le partager », ajoute-t-il.
Mais ce qui l’inquiète aujourd’hui, c’est la lenteur des Etat : « Tous les pays procrastinent depuis 30 ans en matière environnementale. (…) Il reste la société civile alors que les Etats se défaussent systématiquement sur les collectivités territoriales. »
Face à cela, il faut, selon lui, « donner des signaux de prix, et en ce sens, la taxe carbone est fondamentale. Quand on voit qu’elle est limitée à 5 euros la tonne, on voit bien que l’Etat est défaillant. Vous pouvez toujours continuer à acheter un produit moins cher et moins vert ».
Avec son confrère belge, Mathias Dewatripont, Jean Tirole insiste sur le fait que ce n’est pas la concurrence qui est un problème en tant que tel, contrairement à ce que l’on peut penser. Mais il y a « beaucoup d’imperfections de marché et il faut mettre des limites aux excès de cupidité ».
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- Extraits de Challenges
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