L’obésité se propage. La biodiversité s’effondre. Les agriculteurs sont à la peine… Quelles régulations imaginer pour remettre du bon sens dans le secteur agro-alimentaire ? Zohra Bouamra coordonne le groupe de recherche Food Economics qui tente de répondre à ces défis.
Pour Zohra Bouamra, économiste de formation qui a grandi dans l’Aude, les problématiques du secteur agroalimentaire ont toujours eu beaucoup de sens. Après un IUP d’ingénierie économique, elle consacre sa thèse de doctorat à « la réforme de la politique laitière » sous la direction de Vincent Réquillart, chercheur à Toulouse School of Economics (TSE) et directeur de recherche à l’INRA.
« Cette rencontre avec Vincent Réquillart a été décisive pour moi, confie-t-elle car elle m’a permis de faire le bon choix de thèse, à un moment où j’étais un peu à la croisée des chemins, hésitant à entrer dans le monde de l’entreprise… Finalement, j’ai choisi la recherche et le reste s’est enchaîné naturellement lorsque l’INRA m’a recrutée en tant que chargée de recherche ».
Aujourd’hui, Zohra Bouamra dirige un groupe de 10 chercheurs, ingénieurs et post-docs qui se consacrent aux recherches en économie sur les thématiques agricoles et alimentaires, au sein de TSE.
« Ce groupe a un fonctionnement un peu particulier. Nous faisons tous de l’économie appliquée et travaillons sur des thématiques communes, avec deux axes principaux : la formation des prix agroalimentaires et la durabilité des systèmes, en prenant en compte leurs impacts sur la santé, l’environnement, la nutrition, et les implications pour les acteurs des filières », décrit Zohra Bouamra.
La chercheuse, travaille elle-même sur ces deux axes, au travers de questions très concrètes, par exemple, le partage de valeur entre l’industrie agroalimentaire et la grande distribution, l’impact d’une taxe CO2 sur la consommation de viande, ou encore l’intérêt des labels de type AOC pour les entreprises fromagères.
« Pour que ce groupe fonctionne, je mets un point d’honneur à ce que les relations humaines soient de qualité, j’essaye de faire en sorte que chacun ait sa place et se sente valorisé. Ingénieurs et chercheurs travaillent ensemble par exemple à la mise en place d’une base de données en économie de l’alimentation, associant des données de consommation alimentaire avec des données d’innovation », dit-elle.
Diffuser nos résultats
Dans ses travaux de recherche, Zohra Bouamra privilégie une vision globale et travaille sur plusieurs sujets de front. Au-delà de l’impact d’une éventuelle taxation de la consommation de viande, par exemple, elle réfléchit avec d’autres membres du groupe, aux différentes autres politiques possibles pour réduire les effets néfastes induits par l’élevage sur l’environnement.
Elle collabore par ailleurs avec des chercheurs chinois afin d’analyser l’impact de l’organisation des filières sur la sécurité sanitaire des produits alimentaires dans un pays où les coopératives sont souvent en relations directes avec les grandes firmes.
La jeune femme s’intéresse encore au rythme auquel les différentes innovations agroalimentaires sont adoptées par les consommateurs, par exemple le remplacement partiel du lait de vache par du lait de soja, et l’impact de ces changements sur les marchés.
Enfin, Zohra Bouamra enseigne en Master 1 Economie et en Master 2 « Economics and Market Organizations », « des heures indispensables pour rester en lien avec les étudiants et une précieuse opportunité de diffuser nos travaux de recherche ».
Article issu de Comprendre pour Entreprendre, le magazine online d'UT Capitole (Copyright) 28 mars 2019.