Sommet du Bien Commun - Comment concilier liberté de mouvement et décarbonation de l’automobile?

18 Juillet 2023 Transition énergétique


Ce débat a eu lieu dans le cadre de la troisième édition du Sommet du Bien Commun, organisé conjointement par TSE, Challenges et Les Echos-Le Parisien Evénements. Les 1er et 2 juin 2023, économistes, décideurs économiques, représentants des pouvoirs publics et de la société civile se sont réunis pour réfléchir à une question centrale : comment sauver le bien commun ? Avec plus de 1300 participants et des échanges riches, cette troisième édition confirme l’importance d’évoquer ensemble les enjeux de demain concernant le climat, la mobilité, l’alimentation, l’inflation, mais aussi la santé et l’intelligence artificielle. 

L’automobile a-t-elle sa place dans une société décarbonée ? Cette question va-t-elle accentuer les inégalités, réservant l’usage de la voiture aux plus riches ? 

"Le secteur de la mobilité est le mauvais élève des trente dernières années en termes de décarbonation. L’Europe a globalement réduit ses émissions de carbone de l’ordre de 25% par rapport à 1990 ; mais le secteur de la mobilité a plutôt augmenté les siennes". Christian Gollier, directeur de TSE, dresse un constat sans appel face à Carlos Tavares, directeur général de Stellantis, à l’occasion du Sommet du Bien Commun. 

Selon l’économiste, les constructeurs ont amélioré l’efficacité énergétique des véhicules, néanmoins, comme on parcourt plus de kilomètres, on émet globalement plus de CO2, explique-t-il.  

Se pose alors la question de l’acceptabilité : "On voit bien dans le mouvement des Gilets jaunes que toucher à la mobilité, c’est socialement très problématique. Il faut baisser les coûts du passage au véhicule électrique : c’est la clé pour son acceptabilité sociale."

De son côté, Carlos Tavares déclare que Stellantis "n’a aucun problème avec l’interdiction de vente des véhicules thermiques en 2035. En revanche, cette décision impose une transformation très profonde, très rapide, voire violente de ce que nous faisons."

Il regrette néanmoins que "le coût de la technologie électrique imposé par Bruxelles soit de 40 à 50  % plus élevé que celui de la motorisation thermique". Un constat que Christian Gollier partage : "l’augmentation des coûts va conduire à une augmentation des prix et donc à un problème d’acceptabilité sociale."

Taxe carbone 

L’économiste estime qu’en 2035, lorsque les consommateurs ne pourront plus acheter de voitures thermiques, "qui est jusqu’à deux fois moins chère et qui est plus efficace", se posera alors la question de savoir s’il faut résoudre le problème par des subventions ou par un bonus-malus. 

D’où une idée de taxe carbone ! "En 2035, si nous ne mettons pas en place cette mesure à un niveau qui est socialement désirable, on aura une vraie tension quand on verra que les voitures d’occasion sont moins chères que les électriques", prévient Christian Gollier. 

Une vision que ne partage pas tout à fait Carlos Tavares : "Si en Europe nous voulons protéger notre mode de vie avec des taxes, notamment à l’importation, la première conséquence de cela, c’est que les classes moyennes vont pâtir d’une inflation plus importante."

Ce que concède Christian Gollier, qui affirme que la transition énergétique est de fait inflationniste. "Mais sauf miracle technologique à venir, nous sommes aussi confrontés à une obligation morale vis-à-vis des générations futures", conclut-il. 


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